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Taiyo Wa Shizumanai (Japon, 2000)

19 lundi Juin 2017

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Bito Isao, Chronique familiale, Fumie Mizuhashi, Hideaki Takizawa, Ito Ren, Japon, Matsuyuki Yasuko, Minami Masaki, Osugi Ren, Série judiciaire, Série médicale, Takeshita Keiko, Tsurumi Shingo, Yuka

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Pour la seconde fois consécutive, un article sur un drama japonais ancien, cette fois une série très sérieuse à propos d’une erreur médicale et du qui en découle procès intenté par la famille de la victime. Diffusé au printemps 2000 par Fuji TV et écrit par Fumie Mizuhashi, Taiyo wa Shizumanai comporte 11 épisodes (d’environ 50 minutes, sauf le dernier qui dure près d’ 1h15) et a été sous-titré en anglais et en français. La présence dans la distribution d’un « Johnny » (jeune artiste populaire au Japon), Hideaki Takizawa, est sans doute le facteur prépondérant ayant permis à ce drama d’être traduit. Souvent désigné par le diminutif « Taki », cet acteur et chanteur, alors jeune premier de la télévision, n’a pas que pour lui un physique avantageux (selon les téléspectatrices), il se révèle dans ce drama un interprète très convaincant, il a d’ailleurs été primé pour sa prestation d’un garçon au seuil de l’âge adulte qui vient de perdre sa mère dans des circonstances tragiques.

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Taki interprète Masaki Nao, un lycéen qui pratique le kendo pendant son temps libre, participant à des compétitions entres jeunes combattants. Il a le sens de la famille et n’hésite pas à épauler ses parents qui tiennent une modeste boutique de restauration rapide (un de ces établissements qui proposent l’okonomiyaiki, un plat typique japonais composé d’une pâte enrobant des ingrédients variables, ou encore les yakisoba, des nouilles cuites à la poêle avec de la viande et des légumes, le sukiyaki, ou fondue japonaise, sans oublier des sucreries comme le daifuku à la pâte de haricots azuki).  Nao aimait beaucoup sa mère, même si son attitude protectrice et ses reproches envers lui avaient tendance à l’agacer au plus haut point. Il est mortifié par sa subite disparition, dans des circonstances troubles: initialement, les raisons de l’hospitalisation de Teruko (Takeshita Keiko) restent mystérieuses, tout comme les circonstances exactes de son décès suite à l’opération chirurgicale qu’elle a subi. La mère travaillait dur pour subvenir à sa famille et Nao regrette rétrospectivement de n’avoir pas été plus prévenant à son égard.  Mais même si les médecins indiquent que le motif de son décès est le surmenage, il suspecte que l’hôpital lui cache la vérité et décide de poursuivre en justice l’établissement.

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Il demande l’aide d’une avocate, Kirino Setsu (Matsuyuki Yasuko), qu’il connaissait déjà pour l’avoir rencontrée lors d’une exposition de photographies. A cette occasion, il vit une photo de lui prise par Setsu peu après sa défaite lors d’un duel de kendo et lui signifia être très mécontent d’avoir été immortalisé dans ces circonstances. Nao n’aime pas perdre, il met donc toute son énergie dans la préparation du procès. L’avocate s’est prise d’affection pour lui, elle sait qu’il n’a pas les moyens de se payer ses services, mais choisit tout de même de l’épauler. C’est une femme intelligente, très indépendante et qui n’hésite pas à employer la ruse pour faire avancer l’enquête (elle n’a pas son pareil pour piéger ses interlocuteurs lorsque ceux-ci lui font des cachotteries). Un véritable attachement se développe entre Setsu et Nao, fait d’estime et de compréhension mutuelle. Au départ, l’adolescent initie une démarche judiciaire à l’insu de son père Shiro (Bito Isao), un homme simple, pas très futé mais qui a un bon fond. Shiro souhaite tout d’abord se contenter de l’argent que lui a donné l’hôpital, une somme rondelette visant en réalité à acheter le silence de la famille, mais il finit par se ranger à l’avis de son fils et accepte de témoigner au procès.

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Nao est également soutenu par sa grande sœur Yuko, une jeune femme enjouée qui demeure au second plan tout au long du drama et par sa petite sœur Runa, une fillette naïve qui, sans le vouloir, le met à plusieurs reprises sur une piste en prononçant d’innocentes remarques. D’autre part, Nao a une relation sentimentale avec Isetani Ami (jouée par Yuka), qui étudie dans le même établissement que lui et a un an de moins. Il s’avère rapidement qu’elle n’est autre que la fille du directeur de l’hôpital, Akiko (Ito Ren), un homme secret, qui a conscience de la grande responsabilité qui lui incombe vis à vis du personnel de l’établissement et qui préfère dissimuler une vérité qui serait dommageable pour lui et ses employés. Ami prend le parti de Nao, l’aide dans ses investigations, allant jusqu’à dérober des dossiers médicaux pour les confier ensuite à son avocate. Ses parents souhaitent qu’elle rompe avec l’adolescent, mais elle leur tient tête. Sa mère Keizo (Osugi Ren) est particulièrement critique à son égard, elle soupçonne même Nao de s’être rapproché d’Ami pour obtenir des renseignements pouvant nuire à son mari. Keizo défend becs et ongles Akiko, même si elle entretint jadis des relations amicales avec Teruko. Seul compte pour elle le bien-être matériel de sa famille.

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La liaison platonique entre Nao et Ami est une histoire d’amour impossible, chacun étant par le hasard des circonstances membre de factions antagonistes. A plusieurs reprises, Nao cherche à s’éloigner d’elle car il a conscience que ses actes entrent en contradiction avec les sentiments qu’il éprouve pour la jeune fille, mais celle-ci s’accroche et veut sans cesse renouer avec lui. Pour ma part, je n’ai pas réellement perçu d’alchimie entre les deux protagonistes, qui ne m’ont pas paru bien assortis. Il m’a semblé que le duo entre Nao et l’avocate Kirino Setsu, qui se situe sur un plan purement amical, fonctionne bien mieux, car ces deux personnages témoignent d’une maturité absente chez la descendante des époux Isetani, dont l’impulsivité et le comportement effronté semblent être les manifestations d’une crise d’adolescence. Il y a, au fil des épisodes, quelques échanges profonds et empreints de mélancolie entre Nao et Setsu, deux êtres rapprochés par les nécessités du procès, qui se comprennent parfaitement et qui anticipent avec appréhension le moment où,une fois la vérité découverte et le procès terminé, ils devront continuer à vivre chacun de leur côté.

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Le docteur qui était chargé de traiter Teruko, Minami Etsushi (incarné par Minami Masaki) nous est présenté d’emblée comme un individu fuyant et vaguement inquiétant. Il semble vouloir cacher un lourd secret mais est taraudé par sa conscience. Il se rend à plusieurs reprises au logement de la famille Masaki pour prier devant l’autel dédié à la mère disparue et si la première fois il tambourine en suppliant qu’on lui ouvre, sans obtenir de réponse, la seconde fois on consent à le laisser entrer. C’est un personnage ambigu, quand il s’exprime on ne sait jamais s’il est manipulateur ou sincère. Parmi le personnel de l’hôpital, d’autres protagonistes ont un comportement équivoque: c’est le cas par exemple d’une infirmière, Yoshida Kayo, qui a été témoin des dernières heures de Teruko. Par conséquent, ses supérieurs tentent de la muter loin des lieux du drame, mais l’avocate fait pression sur elle pour qu’elle dise tout ce qu’elle sait à la barre. L’avocat de la défense, Ikezawa (Tsurumi Shingo), de son côté, use de son aura de ténor du barreau pour tenter de l’en dissuader. Ikezawa est l’ancien petit ami de Setsu, mais à présent tout oppose les deux juristes: l’un est avide de gloire et d’argent tandis que pour l’autre, c’est la justesse des causes qu’elle défend qui prime.

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L’intrigue de Taiyo wa Shizumanai est assez complexe, avec de nombreux retournements de situation. Certains ont reproché au drama une certaine lenteur, mais personnellement je ne me suis jamais ennuyé en le regardant. Régulièrement, de nouveaux éléments viennent éclairer l’affaire sous un jour nouveau (à commencer, dans les premiers épisodes, par la découverte incongrue d’un scalpel retrouvé au milieu des cendres de Teruko après son incinération). Le parcours de la mère pendant la journée fatidique est dévoilé peu à peu, mettant de plus en plus en doute le diagnostic initial de la faculté, précisant que la mort est survenue suite à une thrombose mésentérique. Il est vite établi que la femme a chuté en descendant les escaliers menant à un temple shinto où elle venait de déposer une plaquette votive souhaitant la réussite des études de son fils et qu’elle a subi alors un traumatisme, mais que les symptômes multiples dont elle a souffert étaient imputables à des affections multiples. Une grande partie de l’enquête consiste à établir la chronologie précise des faits survenus à l’hôpital et l’on s’aperçoit que ce qui est révélé ne pointe pas vers un unique coupable, mais que les responsabilités sont diluées, entre l’erreur d’une infirmière débutante qui intervertit les radios de deux patients, la panique du praticien en s’apercevant qu’il a prescrit un mauvais traitement et l’impréparation d’un médecin chef imbibé d’alcool.

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Les fins connaisseurs de dramas japonais ne manqueront pas de faire le rapprochement avec l’intrigue d’une autre série, Shiroi Kyotô, adaptation d’un roman de Toyoko Yamasaki publié en 1965. En fait, il y eut deux adaptations sérielles, l’une en 1978 et l’autre en 2003 (la plus connue de nos jours, sans compter les remakes coréens et philippins) de cette histoire racontant la rivalité entre deux médecins ayant des conceptions antagonistes de l’exercice de leur profession. L’ambitieux Goro Zaizen est obnubilé par la volonté de progresser dans la hiérarchie de l’hôpital tandis que pour Shuji Satomi, la recherche médicale et la relation empathique envers les patients comptent bien plus. Les desseins de Zaizen, qui brigue un poste de direction, sont compromis lorsque la famille d’un de ses patients décède suite à un traitement qui, selon eux, était inapproprié.  La seconde moitié du drama, après un interlude où Zaizen se rend en Allemagne et visite le complexe concentrationnaire d’Auschwitz, consiste en une longue description du déroulement du procès. Shiroi Kyotô n’est pas un drama parfait (la partie judiciaire est un peu laborieuse), mais la description minutieuse des intérêts en jeu entre protagonistes en poste dans divers établissements médicaux impressionne par son ampleur.

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Taiyo wa Shizumanai se différencie en faisant jouer un rôle central à la famille des plaignants (qui reste très discrète dans Shiroi Kyotô), cependant les médecins n’ont pas une épaisseur psychologique comparable (Etsushi n’est pas un personnage aussi mémorable que Zaizen, il n’a pas une aussi forte personnalité ni ne partage son extrême rigidité d’esprit). Le cas médical exposé dans le drama de 2000 est certainement plus compliqué, faisant intervenir un enchaînement de menus dysfonctionnements conduisant à une issue catastrophique. Les responsabilités sont partagées, alors que dans la fiction de Toyoko Yamasaki le poids de la culpabilité pèse essentiellement sur les larges épaules de Zaizen. Par ailleurs, Shiroi Kyotô examine à la loupe la corporation des médecins hospitaliers, ses ramifications hiérarchiques et les rapports de pouvoir qui s’établissent en son sein. Si c’est surtout cet aspect qui vous intéresse, votre préférence ira sans doute pour ce drama. Mais si une approche plus intimiste, s’appesantissant sur le ressenti des proches de la victime et mettant en évidence les fragilités psychologiques pouvant altérer le jugement des chirurgiens urgentistes, vous tente, Taiyo wa Shizumanai peut constituer un choix judicieux de visionnage.

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On peut bien faire quelques reproches au drama, trouver que la série perd un peu en intensité dans les épisodes précédant le final (où l’intrigue a tendance à se disperser), que les réflexions existentielles de Nao s’apparentent parfois à de simples divagations ou encore que les scénaristes abusent à l’occasion de la rétention d’information pour faire durer le suspense, mais l’ensemble m’a paru néanmoins réussi. La stratégie mise en œuvre par la défense est précisément décrite, elle repose sur la communication (conférence de presse, interview télévisée du médecin) et l’existence de trois barrières pour les plaignants (la spécialisation, le jargon médical; le secret, les faits ne sont connus que d’un petit nombre de personnes; le corporatisme, les médecins se protègent entre eux). Face à Ikezawa, Nao et l’avocate choisissent de démontrer que leurs motivations ne sont pas purement financières en ne réclamant qu’un dédommagement de 890 yens (le prix de la spécialité culinaire de Teruko)! L’alternance entre une enquête judiciaire menée efficacement et des passages émouvants où Nao se remémore un bonheur familial enfui au travers des détails du quotidien (comme le jour de l’anniversaire de sa mère où il lui offrit des chaussures orthopédiques ou les réminiscences d’une enfance heureuse aux côtés de Teruko), la bande musicale entrainante (dans laquelle figure une chanson d’Elton John, Goodbye Yellow Brick Road) et un procès qui s’achève par un twist inattendu dont découle le verdict (où une marque de déférence typiquement nipponne s’avère cruciale)…Tout cela fait que ce drama, sans être un incontournable, peut être recommandé.

Ci-dessous, vous pouvez (ré)écouter la célèbre chanson d’Elton John, issue de l’album éponyme de 1973.

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Ujan Ganger Naiya / Sailing Against The Tide [saisons 1 et 2] (Bangladesh, 2014)

31 vendredi Mar 2017

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Bangladesh, Chanchal Chowdhury, Ethnologie, Fazlur Rahman Babu, Giasuddin Selim, Marufa Akter Jui, Orchita Sporshia, Sadika Swarna, Série médicale, Shamol Mawla, Terri Coates

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A nouveau une destination inédite sur Tant de saisons: le Bangladesh, avec une série qui semble être passée sous le radar dans nos contrées. La première saison date de 2014 et pourtant je n’ai appris son existence que récemment. En tout, il existe 3 saisons (chaque épisode durant moins de 25 minutes) que l’on peut visionner sur YouTube, avec pour les 2 premières saisons des sous-titres en anglais. Diffusée initialement par la chaîne bangladeshi BTV, c’est une fiction produite par BBC Media Action, organisme international caritatif qui milite pour la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la santé des populations défavorisées de par le monde, et plus spécifiquement par BBC Agomoni (le département de cette société humanitaire dédié au développement sanitaire du Bangladesh). En dépeignant le quotidien d’une communauté rurale en bordure du golfe du Bengale, l’objectif de la série est de sensibiliser les téléspectateurs à la préoccupante condition des femmes dans les campagnes, souvent mariées trop jeunes et qui éprouvent des difficultés pour accoucher dans les meilleures conditions. Le programme, écrit et réalisé par Giasuddin Selim (en collaboration avec Bashar Georgis et avec l’aide d’une consultante qui a déjà travaillé pour la série britannique Call the Midwife, la sage-femme Terri Coates) a aussi été projeté dans des villages reculés de cet État du delta du Gange, où il a connu un succès d’audience considérable.

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La première saison compte 16 épisodes et se déroule dans un village agricole de l’intérieur des terres, en bordure du fleuve. Au centre de l’intrigue, il y a deux jeunes sœurs, Jasmin et Anika (jouée par Orchita Sporshia), qui se marient avec deux frères d’une autre famille, Arif (Chanchal Chowdhury) et Halim (Shamol Mawla). Anika revient dans sa région natale après avoir poursuivi des études en sciences sociales. Dès son arrivée, Arif, qui s’occupe du transport des bagages des passagers qui débarquent des navires fluviaux, tombe sous son charme et veut l’épouser. Anika voudrait poursuivre ses études avant de consentir à une union, mais est poussée par son entourage à obtempérer. De son côté, Jasmin est amoureuse d’Halim et souhaite s’unir à lui au plus vite, or la tradition veut que le grand frère se marie avant son cadet. De plus, Anika doit obéissance à ses parents, qui souhaitent eux aussi qu’elle se marie de suite. La série met en évidence le respect dû aux anciens dans ce pays et l’autorité sans partage qu’ils exercent sur leur progéniture (en particulier, le fait que les mères ont la haute main sur les questions familiales et matrimoniales). La cohabitation entre Anika et sa belle-mère sera difficile, cette dernière, au contraire de sa belle-fille plus émancipée, étant pour le respect scrupuleux des coutumes.

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Ainsi, la belle-mère affirme qu’à la maison, les hommes doivent prendre leur repas avant les femmes. Elle ordonne à Anika de mettre un voile lorsqu’elle se promène dans le village (elle ne plaisante pas avec les préceptes religieux, bien que sa dévotion n’est guère visible au fil de la série). Elle se scandalise lorsque la jeune fille appelle son mari par son prénom en présence de la belle-famille, une marque de familiarité inacceptable pour elle. Elle affirme qu’une épouse doit s’occuper en priorité des travaux domestiques. Anika est exaspérée par ces injonctions répétées, elle tient tête à sa belle-mère, réaffirmant sa volonté de partir à la capitale Dhaka pour y poursuivre son cursus, encourant par conséquent la menace d’être rejetée par ses géniteurs si elle ne se résout pas à filer droit. Elle a aussi des relations tumultueuses avec Arif. Ce dernier gagne péniblement sa vie: outre son activité de portefaix, il gère une petite épicerie avec son ami Rashid (Anowarul Haque) et vend le produit de sa pêche (dont les imposants poissons appelés panga qui pullulent dans le fleuve). Pour arrondir leurs fins de mois, Arif et Rashid participent en cachette à des jeux d’argent, ce qui est très mal vu par leur parentèle.

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La situation du couple se tend lorsqu’ Anika, en visite à Dhaka (dans le district de Paltan), surprend Arif avec une autre femme. Elle décide alors de vivre séparément et annonce qu’elle souhaite divorcer, au grand dam de ses proches les plus traditionalistes. Si elle est dans son droit, la belle-famille ne la croit pas: pire, on l’accuse d’avoir dérobé des bijoux dans leur demeure. Pour survivre, elle s’exténue au travail, alors même qu’elle est enceinte et devrait se ménager. De plus, elle s’alimente insuffisamment, mettant en danger sa santé et celle de son futur enfant. Contrairement à Anika, sa sœur Jasmin parvient à s’attirer les bonnes grâces de la belle-mère. Elle est plus conciliante, même si ce n’est qu’une façade: Halim, mécontent de ne pas avoir encore de descendance, la somme de tomber enceinte sous peine d’être répudiée (avant de revenir à une attitude plus amène) et, pour ne plus être harcelée, elle fait croire à son entourage qu’elle va avoir un bébé. Sa belle-mère lui confie de l’argent de la part d’ Arif  pour subvenir aux besoins d’ Anika, c’est donc Jasmin qui tient les cordons de la bourse: une marque indéniable de confiance envers elle.

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Il y a d’autres personnages notables dans cette première saison. Par exemple, Sultan (Fazlur Rahman Babu), le patron inflexible d’une manufacture textiles. Un homme autoritaire, qui ne supporte pas que l’on contrarie ses desseins. Dans le village, c’est de loin le plus riche (il circule en moto alors que les autres se contentent des rickshaws ou de leur bicyclette) et il fait la pluie et le beau temps en distribuant ses takas (la monnaie du Bangladesh) à ceux qui servent ses intérêts. Il exige de ses employées un rythme de travail élevé, même si le burnout conduit certaines à l’hôpital. Sultan a hérité de la fortune de son père, qui n’a rien laissé à son jeune frère Shahzada (joué par Jisan). Ce dernier veut épouser une très jeune fille, Mou (Marufa Akter Jui), mais son frère s’y oppose car elle est de rang social inférieur, le père de Mou étant simple batelier. Le comportement de Shahzada, qui refuse de partir étudier à l’étranger et mène une vie dissipée, irrite Sultan qui menace de lui couper les vivres.  Ce dernier veut par ailleurs que son frère épouse Shila, une fille de bonne famille, une union intéressante pour lui sur un plan purement financier.

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Sultan cherche également à écarter Mou, arrangeant son mariage avec un modeste planteur de maïs. La jeune fille ne veut pas d’un mariage de raison, mais finit par y consentir. Cependant, elle est très jeune et son sort émeut l’oncle Mahmat, un homme instruit qui exerce la profession d’enseignant: comparant la relation entre Mou et Shahzada à l’histoire de Chandi Dash et Rojokini (la version locale de Roméo et Juliette), il s’oppose à ce mariage précoce pour la fille, intervenant lors de la cérémonie pour déclarer l’union illégale.  Mou, dont le tempérament est proche de celui d’ Anika, se lie d’amitié avec elle lorsqu’elle est amenée à la côtoyer à la fabrique textile où elles ont toutes deux été embauchées. Shila, de son côté, voit bien que Shahzada tient plus à Mou qu’à elle et lui conseille d’écouter son cœur, même si elle doit pâtir de mesures de rétorsion pécuniaires de la part du notable local. Mais l’histoire du frère de Sultan connaitra une issue malheureuse, contrairement au parcours de son ami Rashid, qui vit en harmonie avec sa femme Lata (Sadika Swarna).

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Lorsque Lata attend un bébé, elle se rend régulièrement dans un établissement (mis en place par le ministère de la santé et de la famille)  où on lui fait un check-up pour contrôler si la grossesse se déroule bien. La série met l’accent sur la nécessité pour les femmes d’aller dans un tel centre pour des consultations fréquentes. Lata n’hésite pas à y confier ses inquiétudes à un médecin, lorsqu’elle apprend que la sage-femme du village n’a pu éviter récemment le décès d’une mère pendant un accouchement difficile. L’épisode 15 est celui où est filmé l’accouchement de Lata (une première à la télévision du Bangladesh) et où des conseils lui sont prodigués par le personnel médical, comme de privilégier le lait maternel pour alimenter le bébé. Rashid est donc heureux en couple, mais son père Bacchu  lui cause du souci: il est au chômage, porté sur la boisson et vit de mendicité (il demande régulièrement de l’argent à son propre fils). Bacchu est dans le collimateur de Sultan, car il raille son autorité. Il cherche à torpiller son projet de marier Mou à un cultivateur en faisant courir une rumeur sur la supposée bigamie de ce dernier.

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Je n’ai fait qu’évoquer les intrigues impliquant les principaux personnages, mais la fiction montre la vie du village dans sa globalité, la réalisation techniquement irréprochable et léchée sur le plan esthétique rendant le visionnage très agréable. C’est une série reposante, déroulant son scénario sur un rythme nonchalant, pour aboutir à une conclusion poignante. Le professionnalisme se retrouve aussi dans le casting, dont les performances sonnent juste. Surtout, pour nous occidentaux, Ujan Ganger Nayia est l’occasion d’avoir un aperçu sur les modes de vie du Bangladesh rural. On nous montre la vente du poisson à la criée, où les prix ont tendance à vite grimper, ainsi que le travail des artisans, tels les forgerons ou les tisserands (la confection des textiles se faisant à l’aide de rouet traditionnels ressemblant à des roues de vélo). On découvre les techniques d’impression des tissus, comme le batik décoré à la cire à l’aide de tampons de bois ou de cuivre artistement sculptés, ainsi que la confection des kanthas (couvertures brodées fabriquées à partir de saris usagés). On entrevoit les cours scolaires, où on enseigne l’œuvre littéraire de Tagore (notoirement hostile au mariage des mineures) et on assiste à la négociation de la dot (plus souvent en nature, sous forme de riz ou de bétail).

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C’est aussi une série qui aiguise l’appétit. On y voit différentes spécialités, comme le jalebi, une sucrerie frite additionnée de sirop de sucre, le mishti doi (yaourt parfumé à la cardamome), le bhuna (préparation de curry, herbes et tomates servie avec le poisson)  ou encore le pakora, un beignet de légumes ou de pommes de terres. Enfin, une scène nous montre le mariage traditionnel, en particulier la cérémonie gaye holud, marquée par des rituels précis: les invités doivent payer pour y assister et être vêtus de teintes bariolées, de la pâte de curcuma est appliquée sur le visage du promis, tandis que sa future épouse fait l’objet d’un ondoiement à l’eau sacrée du Gange. L’homme à marier arrive sur place avec ses proches, en tenant devant sa bouche un mouchoir. Tous ces éléments qui font couleur locale renforcent l’immersion du spectateur dans la fiction et contribuent au succès de cette première saison.

La seconde saison, diffusée en 2015, ne compte que 10 épisodes. Plus ramassée, elle développe une intrigue plus nerveuse, mais qui laisse bien des points en suspens, qui trouveront sans doute leur conclusion lors de la troisième saison.  Le cadre est différent: un port de pêche situé au sud de Chittagong, Cox’s bazar, un lieu idyllique où l’on trouve une des plus vastes plages du monde, bordée par la forêt de Jhau Bon, et où navigue une embarcation emblématique, le « bateau lune » (dont la courbure caractéristique facilite le franchissement d’une passe sablonneuse à quelques encablures du rivage).

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Je n’ai pas trouvé de précisions concernant les acteurs de la distribution, mais celle-ci est toujours de qualité homogène. Anika est à nouveau au centre de l’histoire: elle travaille désormais dans le milieu médical, pour une ONG dont l’objectif est d’aider les femmes à vivre au mieux leur grossesse. Elle fait la connaissance du docteur Naim, un médecin dévoué hanté par la mort de sa sœur survenue à la fleur de l’âge.  Autre personnage prépondérant de la saison, Ismail, un employé de l’entreprise de pêche locale, en conflit avec son patron Mokhles, un homme sanguin et peu scrupuleux. Ismail n’a pas assez d’argent pour subvenir aux siens et est forcé de voler pour joindre les deux bouts, suscitant l’indignation de son épouse. Lui et son collègue Moti dérobent des bidons de diesel (le carburant des bateaux à moteur). Le scénario est nébuleux: il est question de mystérieux trafics opérés de nuit dans le golfe du Bengale , d’un louche barbu, probable membre de la pègre, de connivence avec Mokhles (surveillé par Naim, qui l’a surpris commettant un acte délictueux) et de la grossesse hors mariage de Deepa, la fille de Mokhles. C’est clairement une saison de transition, on ne saisit pas tous les tenants et aboutissants et le dernier épisode semble bien précipité, mais la série conserve ses atouts pédagogiques.

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Ainsi, les épisodes témoignent de la dureté de l’existence des marins pêcheurs. Exploités par leur patron qui leur alloue des salaires dérisoires, ils doivent affronter des eaux traîtresses, disparaissant parfois en mer ou revenant mutilés après avoir essuyé une soudaine tempête (les typhons sont fréquents dans les parages). Le travail à la fabrique de pains de glace (utilisés, une fois pilés, pour la conservation des poissons) est pour eux exténuant et leur rapporte encore moins de taccas. Outre cet aspect social, la série se concentre sur des problématiques médicales. Anika incite les femmes enceintes à abandonner des pratiques coutumières, comme l’utilisation de talismans, le fait de réchauffer le corps du bébé au moyen d’argile chaud ou de sustenter le nourrisson avec du miel en remplacement du colostrum. Elle recommande aux sages-femmes de stériliser les instruments de l’accouchement, en les trempant dans de l’eau en ébullition (avec des grains de riz qui indiqueront, une fois cuits, le moment où les outils seront prêts à l’emploi). La jeune femme est motivée, mais se heurte à quelques résistances au sein de la population, qui rechigne à lui faire confiance et ne suit pas toujours ce qu’elle préconise (des futures parturientes refusent d’être auscultées par des hommes ou affirment qu’elles n’ont pas assez d’argent pour se rendre à l’hôpital, sans compter le fait que certains dignitaires religieux les dissuadent de recourir à des soins).

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On espère que des sous-titres pour la troisième saison seront bientôt proposés, car c’est une série de belle qualité, certes didactique comme souvent concernant les programmes financés par des organismes anglo-saxons à destination des pays émergents (sur ce même blog, j’ai déjà présenté des séries cambodgiennes qui illustraient ce point, Airwaves et Saving Seca). La fiction est ici un moyen de faciliter l’adhésion des téléspectatrices au message véhiculé, à savoir la nécessité de suivre les recommandations médicales favorisant l’eutocie (la normalité d’un accouchement) et la survie des nourrissons (un sujet qui tient à cœur le gouvernement du Bangladesh, qui communique activement pour promouvoir l’allaitement maternel, dans un pays où la mortalité infantile est très élevée). Même si je ne fais pas partie de la cible visée par les concepteurs du projet,  Ujan Ganger Nayia m’a intéressé pour la fenêtre ouverte que la série offre sur un monde pur nous lointain, pour son aspect informatif et le soin apporté à l’écriture du scénario (surtout en première saison). Une fois de plus: vive les séries du monde!

Captures d’écran ci-dessous: l’impression des tissus au moyen d’un tampon et les fameux « bateaux lune ».

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Hipokuratesu No Chikai / Hippocratic Oath (Japon, 2016)

13 dimanche Nov 2016

Posted by Greg in Mini-série

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Ikko Furuya, Japon, Keiki Kitagawa, Kyohei Shibata, Matsuya Onoe, Médecine légale, Série médicale, Shichiri Nakayama, WOWOW

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Avec cet article (le centième publié sur ce blog!), je vous propose d’aborder un drama médical japonais traitant de l’éthique de la profession. Ce n’est pas la première fois que ce thème fait l’objet d’une série nippone (je pense en particulier à  Shiroi Kyotô, où un chirurgien fameux fait l’objet d’un procès retentissant, voir cet article pour plus de détails) mais ici, c’est la science médicolégale qui est au centre de l’intrigue. D’après un roman de Shichiri Nakayama, réalisé par Akira Uchikata, c’est un mini-drama en 5 épisodes de moins d’une heure, produit par la chaîne WOWOW, qui a pris la bonne habitude de livrer chaque année quelques fictions de qualité. Même si sa brièveté ne lui permet pas de développer des cas vraiment complexes, Hippocrates no Chikai ébauche une réflexion pertinente sur les carences des investigations post-mortem dans ce pays, ainsi que sur les dérives possibles du traitement des patients en milieu hospitalier.

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Le protagoniste principal est une jeune interne en médecine, Makoto Tsugano (interprétée par Keiki Kitagawa, que je connais surtout pour Nazotoki wa Dinner no Ato de, un drama d’énigmes policières humoristiques). Makoto est une étudiante idéaliste, qui considère la médecine comme un sacerdoce et se destine à respecter scrupuleusement les termes du serment d’Hippocrate. Si elle souhaitait initialement s’orienter vers les soins à prodiguer aux patients hospitalisés, elle choisit finalement la voie de la médecine légale, après qu’on lui ait fait remarquer que le serment qui constitue son crédo édicte des principes qui s’appliquent sans  discrimination aux vivants comme aux morts. Elle devient l’assistante d’un légiste chevronné, Tojiro Kosaki (joué par Kyohei Shibata, un visage familier des amateurs de séries japonaises, fameux entre autres pour ses rôles dans Hagetaka et dans le taïga drama Gunshi Kanbee).

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Souvent, dans la fiction policière, le légiste est dépeint comme un personnage un peu excentrique, mal fagoté, qui a pris des mauvaises habitudes (comme par exemple se servir de la bouche des cadavres comme d’un cendrier ou encore leurs doigts de pied en guise de porte-chapeau). Rien de tel ici: Tojiro affiche le plus grand sérieux, c’est un bosseur consciencieux qui fait preuve à  chaque instant d’une rectitude morale irréprochable. Makoto a des sentiments ambivalents envers lui: elle l’admire pour son efficacité et sa connaissance étendue du corps humain, mais s’insurge des libertés qu’il prend avec le règlement, faisant fi des souhaits des familles des victimes et outrepassant sans hésiter les directives de sa hiérarchie. Pour lui, ce qui compte avant tout, c’est la recherche de la vérité, par tous les moyens, une position sans concessions à laquelle Makoto finira par adhérer, poussée il est vrai par des circonstances dramatiques.

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Dans le premier épisode, Tojiro est aux prises avec une famille qui refuse tout examen post-mortem. Leur souhait est de préserver l’intégrité du corps de la victime en vue de la crémation. Ils réagissent en vertu d’un respect strict du corps des défunts, toute intervention étant considérée comme une souffrance supplémentaire infligée à leur proche disparu: une vision qui peut sembler étrange aux yeux des occidentaux les plus pragmatiques, mais qui prévaut au Japon. Dans ce cas, c’est ennuyeux pour le légiste car le macchabée, une cycliste morte en percutant le véhicule d’un automobiliste, doit être examiné pour déterminer la cause du trépas: s’agit-il d’un accident causé par une faute de la part du conducteur, ou bien la victime a-t-elle perdu le contrôle de son vélo suite  à un dysfonctionnement d’ordre cérébral?

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Makoto suggère dans un premier temps de contourner le problème du véto familiale en usant de l’imagerie médicale en lieu et place du bistouri, mais le légiste précise que les données recueillies ainsi seraient trop imprécises pour être de quelque utilité. Malgré les réticences de son apprentie, il pratique l’autopsie en catimini à la morgue, avec la complicité d’un flic, Kazuya Kotegawa (Matsuya Onoe). Ce dernier est également un franc tireur qui outrepasse volontiers les ordres de ses supérieurs, dans l’intérêt de l’enquête en cours. Le chef de la police, mécontent de son comportement frondeur, ne souhaite cependant pas le limoger car il pense que cela donnerait une mauvaise image de ses services et compromettrait son plan de carrière parmi les hauts gradés. En définitive, Tojiro parvient à établir un diagnostic surprenant qui permet de reconsidérer l’affaire sous un angle inédit.

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Lors de ce premier épisode, quelques statistiques édifiantes sont fournies: on apprend que, au Japon, 8 victimes sur 9 ne sont pas autopsiées avant incinération. Ce pays est celui où le taux d’examens post-mortem est le plus bas de tous les pays développés (11% seulement), ce qui fait dire à Kazuya (avec une pointe d’ironie) que c’est un paradis pour les criminels, qui peuvent souvent sévir en toute impunité. Un autre passage frappant de cette première partie est la visite du hall d’entrée de l’université où étudie Makoto, une sorte de monument imposant de style romain où trône sur les murs le texte gravé du serment d’Hippocrate. On a vraiment l’impression d’un temple voué à la vocation de médecin et à ses règles intangibles. L’étudiante y croise son professeur, le médecin chef Kojin Tsukuba (Ikko Furuya), un praticien carriériste qui se méfie de Tojiro, qu’il soupçonne de collecter des données pour nuire à sa réputation ainsi qu’à celle de ses collaborateurs.

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Le second épisode traite d’un autre cas épineux. La victime est un sportif décédé lors d’une course de scooters des mers. La famille pense qu’il ne s’agit pas d’un simple accident, mais que le moteur du scooter a été trafiqué par un concurrent malveillant. Pour déterminer si la cause du drame est un sabotage ou autre chose, Tojiro examine attentivement la vidéo de l’évènement ainsi que des films de famille où le défunt apparaît, révélant ainsi un fait singulier. L’autopsie avait pourtant été officiellement déjà effectuée par un médecin, qui n’avait relevé aucune anomalie. Alors, Makoto doit, suivant les directives du légiste, examiner le corps à la sauvette lors de la cérémonie précédant l’incinération, où il est présenté dans un cercueil. L’épisode montre bien que Tojiro connait très bien les rouages du système médicolégal et qu’il sait les contourner si nécessaire. De plus, l’intrigue met en lumière le problème persistant du sous-effectif des médecins qualifiés au Japon, ceux-ci ayant une charge de travail telle qu’elle ne leur permet pas toujours d’effectuer des autopsies avec le soin nécessaire.

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A partir du troisième épisode, l’intrigue est plus feuilletonnante, avec une sombre histoire d’erreur médicale aux répercussions tragiques. Yuko, l’amie de Makoto, meurt à l’hôpital, victime en apparence d’une pneumonie, mais en réalité d’une embolie pulmonaire (le diagnostic hâtif ne prenait pas en compte des symptômes révélateurs, comme une forte fièvre avant décès). Traitée auparavant à domicile, Yuko aurait été victime d’une réduction des doses de sa médication pratiquée intentionnellement par sa mère. Makoto évoque à cette occasion la possibilité d’un syndrome de Munchausen  par procuration (où le soignant, atteint de troubles psychiatriques, contribue à aggraver la maladie d’un proche, parfois pour susciter de la sympathie à son égard). Au cours de cette enquête, Makoto, Tojiro et son assistante Teru découvrent incidemment lors de leurs investigations des faits compromettants pour un médecin, Hideo Kajiwara: des occurrences répétées de patients qui décèdent après avoir préalablement guéri puis fait une rechute. Un médicament administré par Hideo aurait, d’après de récentes études, des effets secondaires délétères pour les individus atteints de thrombose.

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Les derniers épisodes, tout en évoquant un autre cas d’erreur médicale (une occlusion des veines hépatiques confondue avec une péritonite), développent un suspense autour de la possible révélation de ces morts par médication. Tandis que Kojin cherche à étouffer le scandale en faisant falsifier les fichiers recensant les prescriptions, Hideo supporte très mal la pression des évènements. Le problème se pose de savoir depuis quand ces effets secondaires sont connus (donc jusqu’à quand la faute pouvait être attribuée à l’ignorance du corps médical). Également, un sujet important est évoqué en passant: la difficulté pour les médecins de traiter la masse considérable de documents relatifs aux antécédents des patients en vue d’administrer le traitement qui convient le mieux à chaque individu (à cet égard, les avancées de l’informatique du big data et les diagnostics opérés par des intelligences artificielles comme le logiciel Watson semblent encore bien loin de faire partie du quotidien du personnel médical).

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L’épisode final est assez intéressant car il montre le docteur Kojin Tsukuba tiraillé par sa conscience, sachant la part de responsabilité qui lui revient et hésitant à l’endosser publiquement. Makoto prend de gros risques pour sa carrière future, dans le seul but de faire triompher la vérité. Cette dernière partie réserve un twist surprenant, mais débouche sur une conclusion un peu convenue et qui est loin d’être aussi perturbante pour le téléspectateur que dans certaines autres fictions de la chaîne WOWOW, à l’issue résolument plus sombre. Néanmoins, le drama parvient en peu de temps à évoquer sans détours des problématiques médicales controversées et à mettre en évidence des cas complexes de dilemmes moraux. Même si la réalisation reste d’un grand classicisme et si l’emploi fréquent du jargon médical lors des autopsies peut rebuter certains, on peut dire que l’objectif principal (esquisser une réflexion éthique tout en proposant un divertissement plaisant) est atteint. N’est-ce-pas l’essentiel?

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